Benoît Marin : « une approche en Santé Publique avec l’acquisition des outils spécifiques et compétences du domaine »
Benoît Marin est professeur d’épidémiologie à la Faculté de Médecine, chercheur en neuro-épidémiologie au sein du Laboratoire NET et co-responsable du master santé publique avec le professeur Pierre-Marie Preux.
Le master santé publique est une nouveauté. Expliquez-nous en quoi il consiste.
Cette mention de master propose 4 parcours, deux parcours déjà existants :
- Neuroépidémiologie et Parasitologie Tropicales
- Zoonoses et environnement
Et deux nouveaux parcours :
- Épidémiologie des maladies chroniques (EMC)
- Recherche pour les professionnels de santé et de l’activité (RPSA)
Quel est l’objectif de ce master ?
Faire évoluer l’offre de formation Master biologie santé vers une mention plus homogène dans le domaine de la Santé Publique, afin d’attirer plus d’étudiant.e.s à la fois français.e.s et étranger.e.s. Les parcours permettront un recrutement d’étudiant.e.s issu.e.s de formations scientifiques, médicales, paramédicales, des métiers de la rééducation et de l’activité. L’offre était insuffisante pour les étudiant.e.s français.e.s, en particulier en master recherche et surtout pour les étudiant.e.s en Santé de Limoges qui, dans leur grande majorité, vont chercher un Master 2 ailleurs en France.
Quel est le dénominateur commun de ces 4 parcours ?
C’est l’approche en Santé Publique avec l’acquisition des outils spécifiques et compétences du domaine. En première année de master, 50 % des enseignements seront communs aux 4 parcours. En master 2, ce sera 15 % puisqu’on se spécialise.
Les étudiant.e.s apprendront comment être capable d’identifier une problématique de santé publique (compétences épidémiologiques, recherche documentaire, lecture critique d’article), de concevoir et mettre en place un plan d’expérience répondant à la problématique (compétences épidémiologiques, biostatistiques, éthiques, recherche qualitative, compétences logistiques et organisationnelles de terrain), de s’adapter au contexte d’un laboratoire de recherche étranger (UE à l’étranger, travail de terrain), d’analyser, interpréter et valoriser les résultats de la recherche (compétences biostatistiques, communication orale et écrite, langue française et anglaise), de proposer des mesures permettant de corriger les états de santé défectueux et de connaître les principes de plaidoyer auprès des autorités.
Parlez-nous des 2 nouveaux parcours, à commencer par Épidémiologie des maladies chroniques. Quelles compétences et débouchés spécifiques seront proposés ?
Les compétences seront appliquées aux pathologies chroniques des pays du Nord et du Sud (diabète, pathologies cardio-vasculaires, pathologies liées au vieillissement comme maladie d’Alzheimer, Parkinson, pathologies infectieuses). Des compétences spécifiques seront développées : économie de santé, déterminants des principales maladies chroniques, éducation thérapeutique, méthodologie de la recherche en SHS, droit de la santé et des patients, qualité des soins, gestion des risques, vieillissement et handicap, soin dépendance et perte d’autonomie.
L’objectif de ce parcours est d’ouvrir la voie vers un doctorat de sciences en santé publique, avec notamment la recherche épidémiologique mais également l’évaluation des stratégies de prise en charge des maladies chroniques dans sa dimension populationnelle.
Quels sont les débouchés ?
Les diplômé.e.s pourront se projeter dans une carrière hospitalo-universitaire, dans les professions du domaine de la santé publique, dans les différents organismes prenant en charge la santé et le handicap, ou organismes en charge des politiques de santé (ARS …).
Quid du parcours « Recherche pour les professionnels de santé et de l’activité (RPSA) » ?
L’objectif principal est de permettre aux professionnel.le.s de la santé non médecins (infirmier.e.s par exemple) et aux professionnel.le.s de l’activité (ergothérapeutes, masso-kinésithérapeutes, etc) de poursuivre des études doctorales et de monter en compétences.
Dans notre pays, la recherche paramédicale est encore en développement. Limoges est particulièrement bien placée sur le plan de la recherche infirmière et paramédicale, avec une grande réussite aux PHRIP (Programme Hospitalier de Recherche Infirmière et Paramédicale/ DGOS) – puisque nous sommes 2ème en France – et un DU « Sciences infirmières et recherche paramédicale » très attractif.
L’Université de Limoges dispose donc de la capacité de se positionner stratégiquement pour répondre aux enjeux majeurs énoncés dans le cadre de la Grande conférence de santé de février 2016. Cette création renforce le développement de l’accès des étudiant.e.s en santé aux formations à la recherche.
Elle concoure également à l’émergence d’un corps d’enseignant.e.s-chercheur.e.s pour les formations paramédicales.
Quel est le contenu de ce parcours ?
Il proposera des compétences spécifiques : la méthodologie de la recherche (quantitative et qualitative) et l’évidence scientifique ; la conception d’échelles de mesure ; les fondements de la discipline des soins infirmiers, de rééducation et médico-technique et des sciences de l’activité : connaissances dans le champ disciplinaire de chaque profession de santé et savoirs interdisciplinaires dans le champ sanitaire, social et éducatif ; l’évaluation de l’activité physique en situation écologique, l’économie de la santé ; le droit des patients ; l’éthique et les soins ; la qualité des soins et la gestion des risques.
Et les débouchés ?
Les diplômé.e.s pourront devenir coordonnateur de travaux de recherche paramédicale, enseignants dans les instituts de formation, enseignant chercheur après une formation doctorale, poste bi-appartenant (clinique/académique), ingénieur de recherche.
Quel.le.s sont les partenaires du master santé publique ?
Il s’appuie principalement sur l’expertise internationale du laboratoire NET, mais également sur tous les laboratoires de recherche en santé de notre université.
Par ailleurs, il y a évidemment un fort partenariat avec le CHU de Limoges. Enfin le master repose sur un consortium européen qui regroupe l’Université de Catane et l’Université de Bari en Italie, l’Institut tropical suisse, l’Institut d’Hygiène et de Médecine tropicale de Lisbonne. Chaque année, nos étudiant.e.s partent 15 jours chez l’un de ces partenaires européens.
Interview extraite du magazine Limousin Université « Plan Étudiants et nouvelle offre de formation : des parcours à la carte »